Les grandes époques (2)

André-Marie Ampère (1775-1836) philosophe et phycicien.

Le développement de l'esprit humain (1)

La vie des sociétés ressemble à celle des hommes. Dans les lointains de l'histoire, nous découvrons des peuples à l'enfance, dont les moeurs, les idées, les oeuvres sont empreintes comme les actes et les caprices des enfants, de naïveté, de spontanéité, parfois d'ingéniosité malicieuse, mais aussi de barbarie et surtout d'ignorance.

L'esprit cultivé, attentif à toutes les manifestations de l'esprit des peuples à travers les temps, éprouve en quelques sorte des satisfactions du même ordre que le savant qui fait des découvertes. Du reste, le plaisir de la découverte ne vient pas seulement de ce que l'on est le premier à constater un fait ou à réaliser une idée; on l'éprouve déjà chaque fois que le hasard de la vie ou celui de l'étude procurent à l'esprit un enseignement nouveau.

Au cours de ces excursions à travers la vie de l'humanité, on s'attarde malgré soi à l'examen de certaines époques, soit qu'on y trouve déjà l'ébauche de nos civilisations ou de nos institutions modernes, soit parce qu'on y constate un essor exceptionnel et plus vigoureux des esprits, soit même parce qu'un individu y a accompli une oeuvre définitive, en ce sens que la tournure du monde entier ou seulement d'un pays, ou même encore l'orientation de la pensée humaine s'en sont ressenties.

Mais comment se diriger dans cette imensité que sont l'histoire des hommes et celle des esprits? Evidemment par la méthode.

Quoiqu'on ait jamais le droit de considérer aucune époque comme un point d'aboutissement dans l'histoire de l'humanité, quoique le temps n'existe que par rapport à nous, encore qu'il ne soit, comme dit kant, qu'une forme de nous même imprimée malgré nous à nos perceptions, nous pouvons considérer notre époque comme l'une des plus glorieuses, en ce sens que les gouvernements, les législations, les moeurs y témoignent d'un plus grand respect de la liberté humaine et d'un souci plus constant d'étendre le champ de la pensée et du savoir.

Nos savants ont catalogué, selon une logique impeccable, toutes les branches des connaissances humaines.

De chacunes d'elles le travail des siècles a fait une science que s'acharnent chaque jour à développer encore des milliers d'intelligences.

La classification des sciences la plus pratique, la plus simple et la plus claire est celle André-Marie Ampère (1775-1836) qui fut à la fois philosophe et physicien.

Ampère envisage les sciences selon leur objet. Les une concernant les choses sont les sciences COSMOLOGIQUES. Les autres concernant l'esprit lui-même sciences NOOLOGIQUES.

Les sciences COSMOLOGIQUES comprennent:

1/ Les sciences abstraites (géométrie, science des figures et de l'étendue vide; arithmétique, science des nombres; algèbre, science des quantités quelconques).

2/ Les sciences concrètes (géologie, étude des couches terrestres; minéralogie, étude des minéraux; botanique, étude des plantes; zoologie, étude des animaux; physiologie; anatomie; hygiène).

3/ Les sciences mixtes (mécanique, étude des forces réelles en tant qu'elles sont soumises à des lois mathématiques; la physique, la chimie, l'agriculture, technologie, commerce, art militaire).

Les sciences NOOLOGIQUES comprennent l'étude de l'esprit dans son essence, celle de l'homme et celle de Dieu. Elles peuvent se subdiviser en deux grandes branches qui sont:

1/ Les sciences morales qui embrassent toutes les manifestations de l'esprit (linguistique, jurisprudence, économie politique, mythologie, géographie, biographie, paléographie, numismatique).

2/ Les sciences philosophiques proprement dites qui étudient l'esprit lui-même (psychologie, morale, logique, métaphysique, esthétique, littérature).